Trouver sa posture professionnelle dans un monde qui bouge
Vous l'avez certainement remarqué : le monde professionnel n'a jamais autant bougé. L'IA qui débarque dans vos outils quotidiens, les réorganisations qui se succèdent, les métiers qui mutent plus vite qu'on ne peut les apprendre. Et au milieu de tout ça, vous. En train de vous demander comment rester légitime ou aligné.
La tentation est grande de courir dans tous les sens : se former à la dernière technologie, multiplier les casquettes, s'adapter à tout prix. Sauf qu'au milieu de toute cette agitation, il y a une chose qui, elle, ne bouge pas : votre façon d'être dans ce que vous faites. La vraie question, ce n'est peut-être pas de savoir quoi apprendre de plus. C'est de savoir qui vous êtes professionnellement.
Votre posture, pas votre rôle.
Le rôle, c'est ce qu'on vous donne. La posture, c'est ce que vous êtes.
Commençons par clarifier les choses, parce que ces deux mots sont souvent confondus alors qu'ils ne jouent absolument pas dans la même catégorie.
Votre rôle, c'est ce qui est écrit sur votre carte de visite : manager, consultante, chef de projet, formatrice. C'est votre place dans l'organigramme, votre périmètre d'action, vos missions du moment. Le rôle est défini par l'extérieur : par votre entreprise, votre marché, les besoins du moment. Et par nature, il est fluctuant. Une restructuration, une évolution de poste, un changement d'entreprise et hop vous voilà dans un nouveau rôle.
Votre posture, c'est autre chose. C'est votre façon d'être dans ce que vous faites.
Deux personnes peuvent avoir exactement le même intitulé de poste et incarner des postures radicalement différentes.
Prenez deux managers. L'une structure, clarifie, met de l'ordre dans le chaos. L'autre facilite, crée de l'espace pour que les idées émergent. Même rôle. Postures opposées. Et devinez quoi ? Aucune des deux n'est meilleure que l'autre. Elles sont justes différentes.
La posture, c'est votre signature relationnelle, votre intention profonde, vos valeurs en action. C'est ce qui reste quand on enlève le costume.
Pourquoi votre posture est votre meilleure alliée face au chaos
Vous vous souvenez de cette période où tout semblait solide ? Où on choisissait un métier, on développait une expertise et on pouvait raisonnablement compter dessus pour les 20 prochaines années ? Eh bien, cette époque est officiellement révolue. Bienvenue dans l'ère de l'incertitude permanente.
L'IA transforme des pans entiers de nos missions. Les entreprises se réorganisent. Les compétences techniques ont une durée de vie de plus en plus courte. Et pendant ce temps, on nous demande d'être agiles, résilients, adaptatifs. Facile à dire.
Sauf que s'adapter à tout, tout le temps, c'est épuisant. Et surtout, c'est le meilleur moyen de se perdre en route.
C'est là que votre posture devient votre ancre.
Non pas une ancre qui vous empêche d'avancer, mais celle qui vous empêche de dériver.
Quand vous avez une posture claire, vous savez ce qui est négociable et ce qui ne l'est pas.
Les outils changent ? Pas de problème, vous apprenez. Le format évolue ? Vous vous adaptez. Mais votre intention, elle, elle reste. Votre manière d'apporter de la valeur, elle, elle demeure. Vous ne subissez plus le changement, vous le mesurez à ce qui fait sens pour vous.
Imaginons que l'IA automatise une partie de vos tâches. Si votre identité professionnelle était uniquement construite sur "je produis des rapports", vous êtes dans la mouise. Mais si votre posture est "je synthétise pour éclairer les décisions", alors l'IA devient un outil au service de cette posture. Vous restez légitime. Vous restez vous.
Votre posture vous permet aussi de rester cohérent, même quand votre titre change.
Parce que soyons honnêtes. Combien d'entre vous ont déjà eu 5 intitulés de poste différents pour faire à peu près la même chose ? Ou au contraire, gardé le même titre en faisant des missions complètement différentes ? Le rôle, c'est le décor. La posture, c'est la manière dont vous entrez en scène et c'est votre fil rouge.
Et puis, avouons-le : une posture claire, ça soulage. Ça vous évite de dire oui à tout par peur de manquer quelque chose. Ça vous donne un critère de décision simple : est-ce que cette opportunité nourrit ma posture ou l'affaiblit ? Est-ce que je peux incarner qui je suis dans ce projet, ou est-ce que je vais devoir me forcer ?
Votre posture ne dépend pas de ce qui se passe autour, elle dépend de vous.
Et c'est là que ça devient intéressant. Parce que contrairement à ce qu'on pourrait croire, votre posture ne dépend pas des circonstances. Elle ne dépend pas de votre secteur, de votre niveau hiérarchique, de la taille de votre entreprise ou de l'état du marché.
Elle dépend de votre capacité à identifier ce qui, en vous, reste constant.
Vous pouvez changer de métier, de secteur, d'entreprise. Si vous savez qui vous êtes professionnellement, vous emportez cette posture avec vous. Elle se décline différemment selon les contextes, mais elle reste reconnaissable. C'est votre empreinte.
Le piège, c'est de croire que la posture se trouve dans un grand moment de révélation cosmique. Et bien non. Elle se trouve dans les moments où vous vous êtes senti aligné. Dans les situations où vous avez eu l'impression d'être pleinement vous-même, même si c'était difficile.
Une question toute simple : dans les moments où vous êtes fier de votre travail, qu'est-ce que vous avez fait, au fond ? Pas la tâche en elle-même, mais l'intention derrière. Vous avez structuré ? Accompagné ? Révélé ? Simplifié ? Créé du lien ?
Et maintenant, regardez les moments où vous vous êtes senti en décalage, où quelque chose clochait. Qu'est-ce qui vous manquait ? Qu'est-ce qu'on vous demandait qui ne vous ressemblait pas ?
C'est entre ces deux pôles que se dessine votre posture.
La posture vous oriente, elle ne vous enferme pas. C'est une boussole.
On pourrait croire que définir sa posture, c'est se mettre dans une case : « je suis comme ça, point final ». Mais non. Votre posture évolue avec vous. Lentement.
Elle n'est pas figée, elle est ancrée. Nuance.
Vous pouvez affiner votre posture au fil des années, l'enrichir de nouvelles facettes. Mais le socle, lui, reste. C'est ce qui fait que même en relisant votre CV d'il y a 10 ans, vous reconnaissez déjà des traces de qui vous êtes aujourd'hui.
La posture, c'est aussi ce qui vous autorise à dire non. Non, ce projet ne me correspond pas. Non, je ne veux pas devenir manager si ça m'éloigne de ce qui me nourrit. Non, cette formation-là, aussi tendance soit-elle, n'est pas pour moi.
Et ces non-là ne sont pas des renoncements. Ce sont des choix alignés.
Pour finir : et si la vraie question changeait ?
Dans un monde qui bouge, on passe notre temps à se demander : Comment rester dans le coup ? Comment ne pas être dépassé ? Comment rester utile ?
Mais si la vraie question était c'était : comment évoluer sans me perdre ?
Parce que s'adapter à tout prix, ça épuise. Et rester figé dans ce qu'on est, ça isole. Votre posture, c'est ce qui vous permet de changer sans vous perdre en route.
Alors pendant que le monde continue de bouger (et il ne va pas s'arrêter, désolée), peut-être qu'il est temps de vous poser. De vous demander : au fond, qui suis-je professionnellement ? Quelle est ma signature ?
Et de vous y tenir. Pas comme une prison. Comme une colonne vertébrale.
Et vous ? Si vous deviez résumer votre posture professionnelle en un verbe, ce serait lequel ?
Séverine Girerd
👉 En tant que professionnelle de l'accompagnement, je suis là pour vous aider à garder le cap.


